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Kwal – Là où j’habite

 




Là où j'habite, ce n’est pas bien grand et pas bien luxueux, mais j'aime bien : c'est des apparts, et au milieu, il y a une cour toute petite. Là où j'habite les voisins ne sont jamais loin, tous les jours on se fait bonjour et dans son coin chacun s'agite. C'est sympa, Là où j'habite, puis il y a un coté cosmopolite, un petit parfum d'Afrique, parce que, parmi mes voisins, il y une famille de Guinéens...chaque fois que je les croise c'est magique... Ils parlent frannçais et malinké dans leurs beaux boubous en bazin. La France d'en haut balance des phrases sur des bruits et des odeurs, moi je vois ces gens polis, travailleurs, presque toujours de bonne humeur. Le père il a l'air de bosser dur et tard, et le soir, ses enfants s'amusent dans la cour ou sur le trottoir. Ils ont des jeux de gamins et quand ils crient un peu trop fort, il y a la maman jamais très loin derrière...elle leur fait signe de se taire! Là où j'habite, il y a le voisin du numéro trois, alors lui c'est un cas : emmerdeur comme pas deux, et 100% gaulois. Il est debout bien avant le soleil, il voudrait qu'on fasse tous pareil, du coup, dès qu'il se réveille, il fonce dans la cour s'en prendre à nos oreilles : "allez debout les sales nègres, je vous emmerde bande de feignants!" Et il frappe sur leur porte et il les insulte allègrement. Et personne ne dit rien... Et moi non plus... Forcément parce qu'il est méchant, ça c'est sûr, c'est un cauchemar pour le voisinage, mais tout le monde le ménage, c'est qu'il a une maladie des méninges... On pourrait cogner dessus... ça le rendrait pas plus sage! Mais lui pour qu'ils le vire il faudrait qu'il tue quelqu'un, et quand je l'entends gueuler, des fois, je me dis qu'il ne va pas tarder à y venir. Mais les négros comme il le dit, entre chez eux et chez lui, le mur, il est épais comme du papier et lui il a des insomnies alors même la nuit c’est une teigne ! Et eux, ils subissent tout le temps ses conneries… et jamais ils se plaignent… Là où j’habite… Là où j’habite…, c’est petit mais c’est pas ça le pire : Un jour, gêné, le père guinéen vient me voir avec un papier à me faire remplir, sinon lui est sa famille ils allaient devoir partir… Ben ouais des papiers, ils en avaient pas assez pour rester en France et on les menaçait d’être expulsés. Ils avaient reçu un courrier de m’sieur le ministre de l’intérieur, signé Nicolas en personne, et Nicolas dans son petit papelard, il emploie un ton autoritaire à faire peur… et moi je me demande plus si ce gars là a des rêves de dictateur… Nicolas c’est aux voisins qu’il demandait d’attester que les guinéens étaient intégrés et qu’ils méritaient de rester ! Moi ça m’a fait penser au passé… A une autre époque on avait demandé aux voisins de dénoncer. Ca avait fini avec des étoiles jaunes mais c’est comme ça que ça avait commencé ! Là où j’habite… Et puis un jour mes voisins de Guinée sont partis… je les ai jamais revus… On les a ramenés en Guinée, parce que de toute façon, les papiers à faire signer, c’était pour les recenser, pas pour qu’ils puissent rester ! Mais le gars du numéro trois il est encore là… il a plus de nègres à insulter, mais lui on peut pas le virer : il est gaulois, il a des droits, pour lui il y a des lois. Là où j’habite, maintenant ça craint : il y a toujours l’autre pour nous faire chier, mais il y a plus de gamins dans la cour, plus de malinké, plus de bazin ! Elle est pas drôle mon histoire… elle est même triste… mais elle est authentique… Et j’ai pas été la chercher bien loin… Tout juste… là où j’habite…

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    mermaidariel 發表在 痞客邦 留言(0) 人氣()